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Meta se permet d’utiliser les données des lunettes « intelligentes » Ray-Ban

Meta se permet d’utiliser les données des lunettes « intelligentes » Ray-Ban

Après avoir entretenu le flou, Meta confirme se permettre l'utilisation des données des utilisateurs des lunettes « intelligentes » Ray-Ban nord-américains pour entrainer ses IA, dès qu'ils activent les fonctionnalités d'IA de leurs lunettes. Pour les utilisateurs européens, il reste des zones d'ombre, mais, tant que Meta ne décide pas d'utiliser ses modèles multimodaux dans la zone couverte par le RGPD, ses lunettes ne devraient pas pouvoir bénéficier de cette fonctionnalité.

Le 04 octobre à 10h01

Fin septembre, lors du Meta Connect 2024, Meta a présenté ses différentes nouveautés liées aux divers casques et lunettes. L'entreprise y expliquait qu'elle apportait aux lunettes développées en coopération avec Ray-Ban diverses nouveautés avec, comme pour tout produit numérique actuel ou presque, une bonne dose d'IA : traduction en direct des langues, traitement vidéo en temps réel, gestion des rappels, reconnaissance des codes QR, intégration avec Amazon Music, iHeartRadio et Audible…

Comme nous l'évoquions, l'analyse de l'image permet à l'utilisateur de poser des questions sur ce qu'il voit.

Les données des utilisateurs nord-américains utilisées

Mais, comme pour tous les usages commerciaux de deep learning (dont les grands modèles de langage utilisés dans les IA génératives), une question vient rapidement : est-ce que l'entreprise utilise en retour les données de ses utilisateurs pour entrainer ses IA ?

Concernant les utilisateurs nord-américains, la réponse est maintenant claire suite à la demande de nos collègues de TechCrunch : le média américain résume ça d'un « en bref, toute image que vous partagez avec Meta AI peut être utilisée pour entraîner son IA ».

Meta leur a répondu dans un mail que « dans les pays où l'IA multimodale est disponible (actuellement les États-Unis et le Canada), les images et les vidéos partagées avec Meta AI peuvent être utilisées pour l'améliorer conformément à notre politique de confidentialité ».

L'entreprise avait expliqué dans un autre mail que les photos et vidéos capturées avec les Ray-Ban Meta ne seraient pas utilisées tant que l'utilisateur ne les soumet pas à l'IA.

Comme le soulignent nos collègues, « la seule façon de se désengager (opt-out) est de ne pas utiliser les fonctions d'IA multimodale de Meta ». Et ils insistent sur le problème :

« les implications sont préoccupantes, car les utilisateurs de Ray-Ban Meta peuvent ne pas comprendre qu'ils donnent à Meta des tonnes d'images - montrant par exemple l'intérieur de leur maison, leurs proches ou leurs dossiers personnels - pour entraîner ses nouveaux modèles d'IA ».

L'entreprise pointe aussi à nos collègues que l'information se trouve dans les Conditions de service relatives à Meta AI : « une fois le partage effectué, vous acceptez que Meta analyse ces images, y compris les caractéristiques faciales, à l’aide d’une IA ».

Le RGPD qui bloque en Europe

Concernant les utilisateurs européens des Ray-Ban Meta, nous restons plus dans le flou. Ces mêmes Conditions de service relatives à Meta AI disent un peu avant qu' « en fonction du lieu où vous vous trouvez, vous aurez peut-être la possibilité de partager des images avec les IA ».

Ce texte n'est précis à ce sujet que concernant les images d'individus qui résident dans deux états américains : « vous acceptez également de ne pas importer sur Meta AI d’images dont vous savez qu’elles incluent des individus qui résident en Illinois ou au Texas, à moins que vous ne soyez leur représentant légalement agréé et que vous n’y consentiez en leur nom ».

Mais, comme l'expliquait Axios en juillet dernier, Meta a décidé de ne pas utiliser ou distribuer ses modèles multimodaux en Europe pour l'instant. Et ce média précisait que l'IA utilisée par Meta dans les Ray-Ban se baserait particulièrement sur ces modèles.

L'entreprise évoquait « la nature imprévisible de l'environnement réglementaire européen » pour expliquer sa décision. Pourtant, elle visait le RGPD, texte adopté il y a maintenant huit ans et non des textes plus récents comme l'AI Act. Mais c'est ce texte qui a bloqué l'utilisation par Meta des données des utilisateurs de Facebook et Instagram pour entrainer ses IA. Meta met donc la pression sur l'Europe.

D'ailleurs, même si Meta ne prévoit donc pas tout de suite d'activer l'IA sur les lunettes Ray-Ban en Europe, elle a déjà mis à jour la version franco-française (fr-fr) de son « avis de confidentialité relatif aux commandes vocales » concernant ces « lunettes intelligentes Ray-Ban Meta ».

Dans celui-ci, l'entreprise prévoit déjà qu' « en fonction de vos paramètres, nous pouvons également utiliser les transcriptions et les enregistrements stockés de vos interactions vocales ainsi que les données associées à celles-ci pour améliorer les produits de Meta. Lorsque le stockage des interactions vocales visant à améliorer les produits est activé, nous utilisons le machine learning et des examinateur·ices qualifié·es pour traiter les informations afin d’améliorer, de dépanner et d’entraîner les produits de Meta ».

Cet avis affirme aussi que « le stockage de vos interactions vocales permet aux produits de Meta d’améliorer le traitement de vos demandes et de répondre à un large éventail d’échantillons vocaux, d’expressions, de dialectes locaux et d’accents. Par exemple, si des personnes parlent un dialecte régional et activent le stockage de leurs interactions vocales, cela permettra aux produits de Meta de mieux comprendre les demandes des personnes parlant ce dialecte et d’y répondre plus précisément ».

Contactée par nos soins, l'entreprise n'a pas encore répondu à notre sollicitation pour plus d'éclaircissements.

Commentaires (11)

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Quelqu'un en doutait ?
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Je dirais même plus : « Qui aurait pu prévoir ? »
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C’est marrant je vois « Ray-Ban Meta » et je lis pourtant à chaque fois « Ban Meta » 🤷
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Moi je lis Ray-Man Beta ...
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L'avidité pour les données personnelles ne semble pas prête de maigrir...
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J'imagine que c'est identique pour le casque Quest
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Bien entendu. C'est juste que l'on ne le sait pas encore.
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Il n'y a aucune raison que ce soit différent, surtout que le Quest est encore plus évolué et récupère bien plus de données personnelles.
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Pas étonnant que certaines personnes et organisations outre atlantiques voudraient bien un RGPD like aux US ...
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D'ailleurs, [...] Meta ne prévoit donc pas tout de suite d'activer l'IA sur les lunettes Ray-Ban en Europe
J'y vois un signe encourageant de l'efficacité du RGPD. On garde un peu de vie privée, et en échange on a pas de lunettes gadget dont personne n'a besoin. Deal.
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Ce texte n'est précis à ce sujet que concernant les images d'individus qui résident dans deux états américains : « vous acceptez également de ne pas importer sur Meta AI d’images dont vous savez qu’elles incluent des individus qui résident en Illinois ou au Texas, à moins que vous ne soyez leur représentant légalement agréé et que vous n’y consentiez en leur nom ».
Mais du coup, si tu croises dans la rue un(e) résident(e) du Texas et que tu envoies une vidéo de lui (genre une texane rentrant dans un centre d'avortement), mais que tu ne sais pas que c'est un(e) texan(e), c'est tout bon ?
Et comment ces personnes que tu croisent peuvent empêcher les images d'être utilisés par Meta alors qu'elles ont DÉJÀ été envoyées ?

Je ne vois pas dans quel monde une telle idée serait bonne...

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